L’une de mes légendes préférées est celle d’un vieux maître zen qui, sentant la mort venir, cherchait à assurer sa succession à la tête de son monastère. Le vieil homme hésitait entre deux de ses disciples. Ces moines avaient à peu près le même âge, la même expérience du monde, et possédaient apparemment les mêmes qualités.
Un jour, le maître demanda à chacun d’eux de lui enseigner, tour à tour, l’art du souffle.
Le premier, un moine ambitieux qui ne voyait dans la respiration qu’un acte banal, s’en trouva offusqué. Assis devant le maître, il redressa le dos, inspira par le nez avec avidité, puis il expira bruyamment, avec impatience.
Le second moine, pour qui respirer était la science de la vie, prit place calmement devant son vieux professeur. Après avoir fermé les yeux, il commença par chasser l’air de ses poumons par une longue et lente expiration. Celle-ci, il le savait, exprime notre capacité à lâcher-prise et, une fois qu’elle est accomplie, sans retenue et sans peur, elle favorise l’accès à la vacuité. Puis, en toute conscience, avec respect et humilité, le moine inspira si profondément que les doutes disparurent de l’esprit du maître.
Cette histoire illustre l’importance de savoir nous servir de nos expirations pour laisser partir ce qui n’a plus raison d’être.
L’acte d’expirer, totalement et consciemment, c’est se préparer intérieurement à recevoir l’inspiration.
L’acte d’inspirer, c’est recevoir le souffle du renouveau de la vie en soi-même.
Que la vie vous soit douce,
Nicole