À l’heure d’écrire ce billet, une tempête de neige a métamorphosé le paysage en un vaste tableau blanc. À l’extérieur, malgré la lumière déclinante, cette blancheur est aveuglante. C’est là l’oeuvre de l’impermanence. Elle opère tranquillement son véritable travail d’orfèvre.

Rien en ce monde ne peut rivaliser avec sa créativité. Elle façonne, change, modifie, colore et transforme continuellement ce qui est. Encore plus fortement, aujourd’hui, en raison de cette pandémie.

Présentement, l’incertitude gouverne nos vies. Face à l’inconnu, nous avons tendance à résister, à nous éparpiller mentalement ou à nous agripper à nos habitudes ou à de fausses certitudes. Tout cette réactivité nous rend encore plus craintifs face à l’avenir.

Or, il existe une voie pour contrer nos angoisses et nos inconforts; celle de l’art de l’attention. De se rendre présent et conscient à nos pensées, à nos paroles, à nos actes, instant après instant, cela s’apprend. En retour, on découvre comment vivre plus paisiblement avec les changements incessants de l’existence humaine.

Cette manière d’être au monde, le corps et l’esprit alignés, au même moment et au même endroit, porte en elle une force puissante qui nous ancre et nous stabilise dans l’ici et le maintenant de nos vies.

Pour ma part, comme des millions d’autres, j’ai découvert le pouvoir guérisseur de cette pratique à un moment où je perdais pied. Depuis, je n’ai jamais rien trouvé qui puisse égaler la méditation pour transformer mes inconforts en réconfort.

En Occident, quand on entend le terme « méditer », on songe à un exercice mental qui mène à un but précis. Or, il s’agit plutôt d’un état d’ouverture, de réceptivité, d’un déploiement naturel dans lequel rien n’est imposé, rien n’est forcé. En fait, c’est un art de vivre en harmonie avec ce qui est. En retour, cette pleine acceptation de la mouvance de toute chose gratifie le sujet d’une vision différente de la vie. Un ressenti neuf face aux changements.

Cette relation nouvelle stimule l’intuition, la curiosité, l’ouverture au monde. Étonnamment, tout ce processus a lieu dans le non-agir et le non-effort. Pour atteindre ce niveau de conscience que les taoïstes appellent le « non-agir » et les bouddhistes, le « non-effort », il ne s’agit pas de rester à ne rien faire, passivement, mais bien plutôt de déployer notre attention pour ne faire qu’un avec ce qui nous entoure.

De cette intimité entre soi et la vie naissent graduellement la quiétude de l’esprit, la paix du coeur, la sécurité et la liberté intérieures.

Au moment de terminer l’écriture de ce carnet, la neige continue de tomber. En éteignant l’ordinateur, je vais prendre un long moment pour l’admirer. Pour lever les yeux au ciel pour prendre la mesure  de la vastitude de ce qui m’entoure. Pour m’émerveiller de la forme d’un nuage, de la sérénité d’un flocon qui tombe et pour écouter le vent souffler si haut, si beau, comme s’il était un flûte de jade.

Voilà ce qu’on appelle la « méditation », c’est un espace dans lequel se cultive la liberté intérieure.

C’est une manière d’être. Pleinement à soi. Pleinement au monde.

Que la vie vous soit douce,

Nicole

 

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