Jusqu’à maintenant, j’ai reçu de nombreux cadeaux de la vie. Cela peut surprendre, mais je considère que la maladie chronique avec laquelle j’ai vécu durant vingt-cinq années en fait partie. Même si ce « cadeau » était des plus mal emballés, aujourd’hui, je sais que cette expérience de vie était nécessaire pour m’apprendre trois grandes leçons de l’existence.

La première fut que la maladie est une invitation à un profond changement de vie. Et ce changement ne peut se faire rapidement ; c’est un long cheminement au cours duquel nos habitudes, nos croyances et nos certitudes seront remises en question. En somme, pour guérir, il m’a fallu accepter d’être transformée, à la fois intérieurement et extérieurement. En d’autres mots, j’ai dû me réinventer de A à Z.

L’étape la plus importante dans mon processus de guérison a été d’apprendre à vivre le moment présent. Pour y parvenir, j’ai dû apprendre à laisser aller les regrets concernant mon passé et à me pardonner pour les mauvais choix que j’avais faits. J’ai dû aussi apprendre à ne plus me laisser emporter par des angoisses concernant le futur. Tout comme mes douloureux souvenirs, elles ne m’étaient plus d’aucune utilité.

Pour guérir, il me fallait vivre chaque phase de la maladie, sans en sauter aucune. Il me fallait accueillir chaque expérience, de la plus douloureuse à la plus merveilleuse, et me laisser transformer par elles. Au lieu de considérer la maladie comme une ennemie à combattre, j’ai choisi d’apprendre d’elle en la considérant comme un maître de sagesse, un professeur de vie. Et je l’ai laissée ainsi « enrichir » mon existence du mieux que j’ai pu.

Ma deuxième leçon a été de ne jamais me laisser définir par cette maladie. Mon corps — plus précisément mon foie — était malade, mais mon être véritable, lui, ne l’était pas. Et si je devais vivre jusqu’à la fin de mes jours avec cette maladie — c’était alors une possibilité —, il ne fallait jamais que je me laisse emprisonner en elle. Autrement dit, elle faisait partie de moi, mais elle n’était pas moi. Mon corps souffrait peut-être, mais mon coeur, mon esprit et mon âme existaient bien au-delà de l’Hépatite C et ne devaient par en souffrir. J’ai tiré une force incroyable de cet enseignement.

La troisième leçon que la maladie m’a enseignée fut la plus belle : elle m’a fait comprendre que chaque journée qui nous est donnée est une vie en soi. Certains jours, nous devons la vivre avec intensité, comme si c’était la toute dernière journée de notre vie. À d’autres moments, nous devons la vivre calmement, lentement, comme si c’était la toute première journée de notre vie et que nous avions l’éternité devant nous.

À vous qui lisez ces mots, n’attendez pas de guérir pour recommencer à vivre. Cela, la maladie me l’a aussi appris : Vivre, c’est guérir !

Nicole

(Extrait tiré de L’Art de se réinventer, Éditions de l’Homme)

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