Durant de nombreuses années, si l’on voulait littéralement me faire monter sur mes grands chevaux, on n’avait qu’à me dire de « lâcher prise ». Cela avait le même effet sur moi que de dire à quelqu’un qui est au bord du précipice de se détendre !
À cette époque, « lâcher prise » pour moi signifiait une défaite, une résignation, un abandon. En fait, je croyais que c’était l’équivalent de baisser les bras, de se taire, d’accepter l’inacceptable, de tolérer l’intolérable, sans rien n’y faire.
Dans un même temps, cette confusion gardait mon esprit figé dans une énorme résistance. Et, personnellement, cette résistance me coutait cher en énergie et en nuits d’insomnie.
Un jour, alors je participais à une retraite de méditation silencieuse, l’instructeur se mit à nous répéter, chaque jour, de sa voix bienveillante :
« Lâchez prise … Laissez être … Laissez partir … »
Au bout d’un certain temps, le voile de ma résistance s’est levé. Lâcher prise, je le comprenais maintenant, ne signifiait pas plier les genoux devant l’adversité ni nier ce qui se passait en moi. Au contraire. L’expression signifiait de me libérer de mes nombreuses exigences envers moi-même, envers les autres, envers le monde et envers le moment présent. Mon insistance à ce que la vie réponde à mes attentes, à mes désirs, à mes préférences sur le champ, c’était là l’une des causes de ma souffrance.
De par cette instruction, on m’invitait à me dépouiller de ces exigences. On m’invitait, par le fait même, à ne plus m’agripper à mes pensées anxiogènes, à ne plus ruminer mes problèmes, à ne plus focaliser sur une sensation d’inconfort ou à une douleur dans mon corps.
Lâcher prise était une audacieuse invitation à déposer ce bagage qui me pesait tant, physiquement et émotionnellement. Et, pour la première fois, je réalisais l’ampleur du courage qu’il fallait pour lâcher prise. Et, surtout, comment il était essentiel de le faire pour quiconque souhaitait vivre au moment présent pleinement.
C’est grâce à cette retraite méditative que j’ai compris que lâcher-prise, c’est cesser de s’agripper à ce qui nous limite, nous affaiblit, nous diminue. C’est laisser être le moment présent. C’est laisser partir ce qui nous fait souffrir intérieurement. C’est se défaire d’une idée fixe en faveur de quelque chose de plus créatif.
En ces temps de confinement, c’est un art qui se pratique concrètement, instant après instant. Souffle après souffle. Ici et maintenant.
De tout coeur avec vous,
Nicole