Dans une société qui valorise la vitesse, l’instantanéité et la rapidité en toutes choses, l’un des défis les plus vertigineux pour bon nombre d’entre nous est celui de cultiver la patience, au quotidien. À cet effet, j’apprécie cette petite fable :
Un jour, un disciple demanda à son maître :
« Combien de temps faut- il pour atteindre la sagesse ?
— Trente années, répond le maître.
— Si je triple mes efforts et ma vitesse d’apprentissage, pourrais-je y parvenir en dix ans ?
— Dans ton cas, j’ai bien peur qu’il te faille attendre quarante ans », conclut le sage.
Ce disciple me ressemble. Dans le passé, j’ai souhaité moi aussi pousser sur le temps pour qu’il avance. Maintes fois, j’ai voulu brûler les étapes. Pour arriver plus rapidement au but que je m’étais fixé, j’ai précipité des événements et bousculé des gens. Chemin faisant, je n’ai récolté que des conflits et de piètres résultats.
Contrairement à ce que l’on croit, être patient, ce n’est pas assumer un rôle de victime ni attendre les bras croisés que les choses se règlent d’elles-mêmes. Au contraire. La patience, c’est une boussole intérieure qui nous guide quand c’est le temps d’avancer, qui nous indique quand c’est le temps d’attendre, quand c’est le bon moment de faire une action, mais aussi quand c’est le moment de lâcher prise.
Être patient(e) c’est être pleinement dans l’instant présent tout en demeurant ouvert et disponible pour ce qui est à venir.
Dans son sens le plus profond, la patience nous enseigne la non-fixation, l’acceptation du rythme naturel des choses.
Ainsi, l’ascèse nous apprend que dans la vie, il y a certaines choses sur lesquelles nous avons un certain contrôle et d’autres, pas.
Cette leçon n’est pas des plus faciles. Faire preuve de patience demande une certaine forme de courage, comme disait le philosophe italien Giacomo Leopardi :
« La patience est la plus héroïque des vertus, précisément parce qu’elle n’a pas la moindre apparence d’héroïsme. »
Aujourd’hui, ce qui m’aide le plus dans ma pratique de la patience, c’est de me rappeler qu’il ne peut y avoir de véritable transformation dans la hâte et la précipitation.
Si l’on souhaite faire l’expérience d’une transformation durable et profonde, on doit se souvenir d’une chose : le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui.
Que la vie nous soit douce,
Nicole
(Extrait inspiré de L’Art de se réinventer, éditions de l’Homme)