Lâchez prise. Pendant de nombreuses années, si l’on voulait littéralement me faire monter sur mes grands chevaux, on n’avait qu’à me dire de « lâcher prise ». Cela avait le même effet sur moi que de dire à quelqu’un qui est au bord du précipice de laisser aller et de se détendre.
À mes yeux, lâcher prise signifiait accepter une défaite, abandonner mes ambitions et laisser aller mes rêves et tous mes désirs. Cette confusion gardait mon esprit figé dans une énorme résistance, ce qui explique pourquoi il m’était difficile, voire impossible, d’oser penser à lâcher prise.
Mais un jour, les choses ont commencé à changer et mon esprit a commencé à voir plus clairement ce que voulait dire « lâche prise ». Le déclic s’est fait alors que je participais à une retraite de méditation silencieuse. Durant dix jours, chaque jour, l’instructeur nous répétait sans cesse de « lâcher prise ». Cette fois, parce que j’étais en méditation, je pouvais mieux saisir la profondeur de cet enseignement. Plus précisément, ce lâcher prise auquel m’invitait l’instructeur, consistait à ne pas m’agripper à mes pensées, ne pas réfléchir activement à mes problèmes, ne pas m’accrocher à une sensation ou à une douleur dans mon corps, ne pas me cramponner à mes émotions.
En méditant, je voyais distinctement qu’on ne me demandait pas de nier ce qui se passait en moi, mais plutôt de me dépouiller volontairement de mes attentes, de mes préférences et, surtout, de mes nombreuses exigences envers la vie.
Ouf ! Je pouvais enfin laisser aller sans sentir que je démissionnais ou que je baissais les bras. Au contraire. À ma grande surprise, lâcher prise était totalement à l’opposé de la résignation. En fait, c’était une « action », mais une action de nature différente qui implique simplement de prendre un peu de recul intérieurement pour laisser une situation respirer.
Lâcher prise, c’est relâcher notre emprise sur les choses pour leur permettre d’apparaître telles qu’elles sont et non pas telles qu’on voudrait qu’elles soient. Lorsqu’on accepte de le faire, on se retrouve en présence d’une force de vie incroyable. Cette force s’exprime par l’ouverture de notre esprit. Lorsque l’esprit s’ouvre, on réalise qu’on porte en soi tout ce dont on a besoin: les réponses à nos questions et les solutions à nos problèmes.
Grâce à cette retraite, j’ai finalement compris que, lâcher prise ce n’est pas « tout lâcher » dans le sens de tout abandonner, mais simplement cesser de nous agripper, de nous accrocher à ce qui, depuis longtemps, nous limite, nous affaiblit, nous vole notre pouvoir. Lâcher prise, c’est donc bien de laisser aller ce qui nous fait souffrir, et vous l’aurez compris, c’est sans doute le plus beau des cadeaux à s’offrir.
Depuis cette retraite, j’ai souvent eu l’occasion de pratiquer le lâcher prise et de constater la véracité de cet enseignement. En cédant le passage à la vie, en faisant la paix avec le moment présent, tel qu’il se manifeste, je découvre la paix du coeur, la paix de l’esprit.
Aujourd’hui, vous qui lisez ces mots, ne précipitez rien. Ne forcez pas la main du destin. Le bonheur, rappelez-vous, n’est pas un état particulier, mais une décision d’être, d’instant en instant, dans le plein consentement de ce qui est.
Pour accéder à ce plein consentement, il faut lâcher prise sur nos idées fixes et permettre à la vie de nous offrir quelque chose de différent, quelque chose de plus beau et de plus grand.
Que la vie vous soit douce,
Nicole