Il est midi. C’est ce qu’on appelle en Amérique du Nord l’« heure du lunch ».
En quelques minutes, les tours de bureaux du centre-ville se vident. Vitesse, tumulte, chaos. De prime abord, on pourrait penser que ce moment de la journée est réservé pour retrouver un peu de calme, de clarté. Il serait judicieux de profiter au maximum de cette pause pour se reposer, se ressourcer.
En réalité, cette heure est identique aux autres heures de la journée. Après avoir avalé en vitesse un repas, on retourne vite à ses portables, agendas électroniques et téléphones intelligents. Sollicités par mille distractions, préoccupés par des projets, des désirs, personne ne semble voir ce que nous appelons négligemment « le monde ».
On ne voit plus l’espace, ni le décor où l’on est, ni les gens qui nous entourent, ni ce qui se déroule sous nos yeux. On perd de vue ce qui se passe en soi. Cette distance avec nous-mêmes nous conduit peu à peu à nous déconnecter de la vie. Nous sommes vivants, mais sans l’être vraiment.
L’heure du lunch terminée, nous retournons à nos bureaux, à nos écrans, à nos pensées, à nos listes de choses à faire, à nos angoisses. La pause du midi n’a rien changé à rien.
Pourtant, il suffirait de peu de choses pour faire une incursion dans le moment présent. La plus importante serait de ralentir. Ralentir permet une ouverture, une disponibilité, et nous fait prendre conscience de notre absence. C’est seulement lorsqu’on prend conscience de notre absence qu’on peut revenir dans l’ici et le maintenant.
Pour rester dans le moment présent, l’esprit a besoin d’un ancrage. En prêtant attention à la nature qui nous entoure, aux êtres humains qui nous entourent, la beauté du réel nous libère du monde virtuel pour nous ramener à notre véritable vie.
Que la vie vous soit douce,
Nicole
(Ce texte est un extrait de Zénitude et double espresso, éditions de l’Homme.)